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Un proverbe dit qu’il n’y pas de fumée sans feu. J’ajouterais volontiers qu’on perçoit même une fumée blanche ici. Voire des signes aériens qui transmettent des impressions, des émotions et signalent des trouvailles … Le percussionniste Mike Goyvaerts est un praticien enthousiaste de l’improvisation radicale qui a évolué depuis le rock – jazz de son adolescence dans une recherche obstinée sans plus jamais regarder en arrière. Il fut des légendaires collectifs WIM (Antwerpen) et Inaudible (Bruxelles) et à soixante ans, il continue à creuser pour faire évoluer sa musique et son approche originale de la percussion. A deux pas de chez lui, dans la banlieue nord de Bruxelles, M.G a trouvé un alter ego original qui, depuis plus de trente ans, triture un vieux synthé analogique à fiches, Willy Van Buggenhout. On peut entendre d’ailleurs Willy sur le premier vinyle d’Inaudible (Inaudible 1981-82). Son inspiration provient indubitablement de son travail d’artiste plasticien et de graphiste. Leur duo Hotzeniebotze s’est récemment transformé en trio avec le saxophoniste Jeffrey Morgan, un californien établi à Cologne et que nous avons souvent entendu au sax alto, entre autres avec Mark Sanders et Peter Jacquemyn (un bon pote à Goyvaerts) dans un registre exalté et hyper énergétique (The Sign of The Raven). Le voici au ténor et au soprano, réfléchi et cherchant l’équilibre entre les échanges de ses deux acolytes de White Smoke. Certains des morceaux dépassent avec bonheur l’intérêt que d’aucuns trouvent encore dans la documentation exhaustive dans lequel a plongé une bonne partie de la production d’enregistrements improvisés. Bref, certaines plages agitent des images, des gestes, des moments merveilleux qui sont au cœur de la passion que tant d’improvisateurs ressentent pour cette pratique musicale. Donc, ça vibre, ça cherche. Il y a des surprises, des secousses, les harmoniques du saxophone, de l’écoute et de l’invention débridée. L’expression d’une invariance depuis l’époque où les sons effarants de la Music Improvisation Company, largement en avance sur son temps, surgissaient dans le catalogue naissant d’ECM. Un raffinement de cette recherche sans fin et une affirmation que l’univers indéchiffrable de la musique spontanée reste une friche récalcitrante aux modes et à celles de la pensée dominante, que ce soit en musique ou dans les relations sociales. J’ajoute encore que le trio White Smoke existe aussi en version belgo-belge avec le saxophoniste J.J. Duerinckx, un spécialiste incontournable du sax sopranino et du baryton. Un très bon moment en ce qui me concerne. Jean-Michel van Schouwburg (Orynx-improv'andsounds) Their easygoing aspect and relaxed smiles istinctively instil that kind of friendly trust that you'd like to befriend them as the best pals for a pint and some chats, but besides the surmised sociability, this trio manages to uplift the mood as well as listener's imagination by amazing and somewhat weird improvisations. Mike Goyvaerts on percussions, objects and toys, Jeffrey Morgan on soprano and tenor saxophones, Willy Van Buggenhout on legendary EMS Synthi stage nine funny interactions whose strong sense of humour and sonic daring contortionism don't eclipse their remarkable technical skills. The interplay of the three performers sound quite influenced by the role played by freaks coming out from Willy's knowbs and oscillators: for instance the initial "Fire Jumpers!" loos like the last ditch by Jeffrey's saxophones from the corrosive acid bath, which gushes from Willy's synth; the dolloping low-frequency buzzes on "Burial Grounds" gradually imbibes phrasing on saxophone as if it's echoing its death throes while Mike plays disquieting giggles by means of his toys; "A Treasure of Sulphur Clouds" looks like a sonic simulation of the painful transplant of a radio antenna and a draft tube on the metallic shell of Jeffrey's instruments, which sometimes sound like mention Rimsky-Korsakov's "Flight of the Bumblebee" before the bumblebee gets netted by spider's web, whose drool in front of his succulent prey seems to be reflected by crazy computational spins by Willy; the funny dizzy improvisations on tracks like "Wild Boar Hunting" and "The Silver Gates of the Moon" seems to be counterbalanced by the hangover evoked by tracks like "The Dawn and the Dream" or "Eagle's Dance" as well as the joy this trio experienced while playing it could be counterbalanced by the amusement listeners can perceive. Vito Camarretta (Chain DLK) European free improvisation trio. Dynamic pieces consisting of lively exchanges between percussion/objects (Goyvaerts), sax (Morgan), and EMS synth (Van Buggenhout). The work of very little known yet seasoned musicians, not youngsters. François Couture (Monsieur Délire) Having lived in Seattle for a short time in the nineties, the name Jeffrey Morgan is quite familiar to me, and bears somewhat the sheen of legend. I am embarrassed to admit I know nothing of the other two gentlemen on this recording. The liner notes, somewhat tongue in cheek, are of little help, serving mainly to let the listener know not to take things too seriously here. With Morgan playing tenor and soprano sax, Goyvaerts credited with percussion, objects, toys and Van Buggenhout on EMS synth, White Smoke is a pair of improvised sessions from November 2011. The music could perhaps be loosely defined as walking the line between traditional sounding improv and more sound-and-timbre based playing. I hear a little of Lol Coxhill's tone in Morgan's soprano work, that sort of weird, nasal braying. Goyvaerts swings between busy piles of smash and grab and quiet ringing or tumbling, adding nice bowed harmonics to open "The Silver Gates of the Moon". All the titles more than hint at humor, and there's much evident in the playing as well, particularly in the burbling synthesizer sounds and well-placed wacky percussion hits. To some ears the electronics may seem out-of-place here, but if listened to closely, they're a challenging foil for the other two acoustic instruments. The percussionist does a marvelous job of finding sounds that are halfway between the squeaky-clean EMS and the harder-edged saxes. I swear at times I can hear a trumpet, but can't tell who's making the sound. Perhaps a combination of the mashed overtones of all three? More mystery sounds are provided by what I assume to be Goyvaerts: low thunder at the end of "Garden Of Delights" and metallic tone rows to begin "Wild Boar Hunting", wherein Morgan's tone converts into that of a chirimia, even more nasal than usual. One precedent I can think of for this set would be the analog synth versus reeds of Sun Ra. Odd that two Europeans and a transplanted American could make sounds that conjure British music hall and '60's freak out free jazz in equal measure. Jeph Jerman (The Squid's Ear) Mike Goyvaerts (batterie, percussions, jouets), Jeffrey Morgan (saxophones soprano & ténor), Willy Van Buggenhout (synthétiseur EMS) ne sont pas sans faire penser à un grand trio d'improvisation libre européenne : le trio Brötzmann/Van Hove/Bennink (et notamment le FMP 130, un des albums d'eai les plus marquants pour moi). Goyvaerts/Morgan/Van Buggenhout proposent des improvisations radicales, aventureuses et très énergiques. Un saxophone nasillard, des percussions qui renouvellent constamment leur timbre et changent toujours d'intensité, un synthétiseur non dénué d'humour qui va chercher tout ce qu'il peut trouver. Et c'est ce mélange d'humour, de créativité et d'agressivité qui rappelle le légendaire trio de Brötzmann. Le dialogue n'est pas évident entre les trois musiciens, leur monde n'a pas grand chose à voir, mais ils arrivent tout de même à créer une forme qui paraît paradoxalement aussi chaotique qu'unifiée. Chacun a son style, son approche, ses limites, autant d'éléments surtout déterminés par leur instrument, mais ils arrivent tout de même à s'unir grâce à une écoute très réactive et une interaction sensible où chacun place ce qu'il peut placer au moment opportun. D'où les nombreux dialogues à deux qui parcourent ce disque, d'où l'absence du troisième ou le cantonnement régulier à un rôle d'accompagnement. Tout n'est pas possible, et c'est cette difficulté à s'unir qui donne du charme à ce disque. Une difficulté surmontée surtout rythmiquement, mais aussi par des attaques similaires, une énergie toujours égale, et un humour commun. C'est pas mal du tout, même si je dois l'avouer, il se peut aussi que je sois surtout sous le charme de l'aspect complètement décalé et souvent humoristique, parfois carrément extraterrestre, de l'utilisation des synthés en impro libre - instrument que je trouverai toujours hallucinant... Julien Heraud (ImprovSphere) Les saxophones (soprano et ténor) de Jeffrey Morgan vont plutôt bien aux usages hétéroclites que font Mike Goyvaerts de ses percussions et objets et Willy Van Buggenhout de son synthétiseur EMS – ici enregistrés les 10 et 20 novembre 2011. Amusée sinon traînante, voire détachée, l’improvisation du trio claudique et divertit sans toutefois faire preuve de singularité. Guillaume Belhomme (Le Son du Grisli) |