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Il y a dans nos contrées, aux confins de la jungle genevoise, un souriant sorcier. N’ayez crainte, il ne vous fera aucun mal, tout occupé qu’il est à transformer la chapelle de Malval en une volière improbable.
Son saxophone se mue tout d’abord en flûte de bambou, à l’attaque nette comme un coup de sarbacane. Là-haut, blotti sous la voûte, il revient sur la même note soufflée qui suspend par moments les coups de bec, les cris d’oiseaux rares. On est promené entre d’inaccessibles hauteurs et l’haleine des ancêtres qui remonte de la crypte.
Mais le sorcier sait aussi jouer du silence, pour mieux faire entendre des sirènes de bateaux en dérive, des trompes pétaradantes, et le cliquetis des clefs, sous ses doigts agiles de dactylo, avant la pureté soudaine d’une tenue.
Parfois les notes sont comme pincées, passées à travers un filtre. Alors elles s’insinuent, s’infiltrent, se vissent dans le nerf auditif. Le moustique gonfle puis redevient moustique, il tournoie lentement et d’un coup vous pique et vous chatouille de toute part.
C’est peut-être la fièvre, les suites de la malvalaria, mais le sorcier se dédouble. Il est à la fois vent continu, tapis sonore et mélismes insaisissables qui volettent, agiles, se posent un instant et repartent dans leur danse furieuse. Il est à la fois souffle de vie et plainte de l’au-delà.
Puis il vous lape l’écoute pour mieux vous hypnotiser, grâce aux trilles de palmipèdes en détresse. Un soupir roule soudain le tout en boule, mais les oies sauvages sortent la tête, suivies de batraciens à la bave sèche et bouillonnante ; on croit palper par le son tout l’intérieur de l’instrument. Et lorsque les oies paradent à nouveau, leur plumage gonflé a doublé de volume.
Vous l’aurez compris, ce sorcier, habité par différents esprits, n’a pas besoin d’interlocuteurs. Dans cette ronde des éléments, il fait chanter à sa guise le bois qui râpe, le métal qui grince, ou juste l’air qui s’engouffre dans les tuyaux.
Profitant des propriétés acoustiques (et sans doute surnaturelles) de l’endroit, Christophe Berthet livre donc aux amateurs de sons insolites six plages qui ne portent pas d’autres noms que leur durée. Peut-être une manière de rappeler que c’est un discours libre, sans blason ni concept, six émanations du temps, qui planaient à Malval quand elles furent capturées. Nicolas Lambert (Viva la Musica
)

Au bord du silence et en dosant le souffle à limite de la vibration du bocal,
Christophe Berthet se livre à une méticuleuse exploration du son et des timbres en laissant flotter la musique dans le recueillement de la Chapelle Malval près de Genève. Bien qu’il s’agisse d‘une longue suite improvisée d’un seul tenant, on a édité six plages. Les quatre premières plages sont jouées avec douceur au saxophone soprano avec lequel il utilise la respiration circulaire et quelques multiphoniques avec un réel sens de l’espace. Les notes qui s’éteignent et renaissent du demi-silence sont vivantes et l’ensemble frémit d’émotion retenue. Après une dizaine de minutes d’étirement patient, les multiphoniques s’animent dans des boucles légères et aériennes pour se reposer dans un quasi silence à la fin de la plage 4, 6:16. Suit une séquence avec une harmonique aiguë sur lequelles Berthet superpose des battements de sons obtenus avec des doigtés fourchus, puis il quitte la voie tracée pour se lancer à l’aveuglette dans une recherche de timbres dans l’aigu et conclure la plage 5 (11:40) en construisant subtilement son improvisation avec une plus grande variété de sons et une belle fluidité dans les phrases spiralées. En soufflant doucement comme il le fait, il privilégie une qualité de timbre et un bon contrôle. Les dernières 4:41 de Malval nous font entendre un travail précis et nuancé des harmoniques au sax alto qui demande un bon contrôle de l’instrument. Le chant du saxophone se rengorge en douceur pour prononcer les ultimes arabesques fragiles dans l’apaisement. C’est un beau travail, sensible et cohérent qui montre à quel point de maturité des praticiens engagés dans la musique libre parvienne avec leurs moyens instrumentaux, leurs réflexions et de l’imagination. Remarquable et original. Jean-Michel Van Schouwburg (Orynx-improv'andsounds)

Swiss saxophonist Christophe Berthet entirely recorded some sketches on his soprano and altro saxophones (sometimes prepared or recorded by means of close mic techniques) in Malval Chapel, a quite secluded place close to Dardagny in Switzerland nearby French borders. Such an annotation is not a moot detail for a card index, but a tanglible clue which is going to enhance listening experience. Listeners aren't going to make difficult efforts of imagination while "embodying" the musician during his performance, whose role is quite close to a wizard who manages to animate the surrounding setting: peeps, cheeps, tweets, creaks, squawks and squeaks coming out from Berthet's musical instruments and his nimble dynamics on them vividly render surreptitious entities, which provisionally or permanently inhabit the place where Christophe tries to translate into sounds without being considered a gatecrasher by his visible and invisible settlers and sometimes you could even feel that the musician tries to give voice to inanimate objects such as garden tools, rasps, rafters, bricks, stones and so on. A thanksgiving act to a place, whose physical properties could ideally be considered a proper third instrument as well as a precious sonic gift to its temporary guest. Vito Camarretta (Chain DLK)

A solo album from sax player Christophe Berthet. 35 minutes of extended techniques on soprano and alto sax: circular breathing, multiphonics, etc. Impressive but dry, and very similar to what John Butcher and Urs Leimgruber (among others) do. François Couture (Monsieur Délire)

Six pieces for solo soprano or alto saxophone. Nicely controlled, somewhere in a post-Braxton continuum to my ears. Not that "post-" really, as much of it sounds as though it could have been plucked from a random Brax concert from, say, the early 90s. Berthet does a good job of keeping things reined in for the most part and you can hear a serious investigation of timbres and long tones, with a kind of pleasant, hollow whistling aspect to much of the sound but I can't quite pick up much that hasn't been done elsewhere. He may be post-Braxton but he's still slightly pre-Butcher, for example. Well played and earnest but not essential. Brian Olewnick (Just Outside)

Pour finir, un solo assez court d'une trentaine de minutes pour saxophones alto et soprano, par Chrsitophe Berthet toujours. Le soprano est le plus souvent à l'honneur durant ces six pièces improvisées, joué dans un style assez proche des solos de John Butcher. Une grande attention aux attaques, aux silences et aux résonances d'un côté, mais aussi au timbre et aux couleurs de manière plus générale. Christophe Berthet utilise de nombreuses techniques étendues qui vont des souffles aux jeux de clés, en passant par les multiphoniques et les harmoniques. Et lorsque des notes surgissent, elles sont la plupart du temps longuement étirées et assez statiques. Des notes altérées de manière minimaliste et microtonale, les nappes et les textures proposées par le saxophoniste suisse évoluent par micro-variations et s'ancrent dans des univers et des ambiances solidement établies. Enregistrées dans une chapelle genevoise, ces six improvisations sont empreintes de résonances circulaires et de sonorités aux consonances mystiques et contemplatives. Une suite de belles pièces proches de l'improvisation libre et du réductionnisme, des pièces pas nécessairement très créatives, mais plutôt sensibles et poétiques, sincères et tout de même desservies par un saxophoniste techniquement talentueux.Julien Héraud (improv sphere)

Dans la solitude de la chapelle de Malval (Genève), Christophe Berthet part à la chasse aux sons. En trouve quelques-uns, les assemble. Multiphoniques ici, harmoniques ailleurs, techniques étendues toujours : le souffle s’ouvre à un horizon craquelé. Le chant-appel de Berthet n’est pas de carapace mais de réceptivité. Il s’ouvre en de larges étendues : stagnantes à l’alto, plus causantes au soprano. Parfois, invite le son à disparaître. Parfois, le met en suspension. Et jamais ne lui obstrue les passages secrets déposés malicieusement ici et là. Luc Bouquet (Le Son du Grisli)