Live in Hessen cs682

 

 

 

 

 

 

 

 

Tatatsuki est un Trio itinérant qui ne se produit qu’avec un quatrième invité, ici avec le saxophone ténor de Matthias Schubert le 21.05.2019 à la Kulturhaus Dock4, Kassel (28 :32) et avec le saxophone étendu de Dirk Marwedel (33 :04) le 08.11.2019 à la Mauritius-Mediathek, Wiesbaden. Le Trio Tatatsuki proprement dit est composé de Rieko Okuda, piano, alto et voix, d’Antti Virtaranta, contrebasse et de Joshua Weitsel, guitare et shamisen. En compagnie de Matthias Schubert, le Tatatsuku Trio tisse un réseau sonore exploratoire en introduisant au départ des lignes aérées et légères, froissements de timbres, glissements sur les cordes dans lesquels s’insèrent l’extrême aigu du sax ténor. Ouverture introspective et retenue, jusqu’à ce que Matthias Schubert introduise un jeu saccadé en tordant son excellente articulation. Les trois autres, alto, guitare électrique et contrebasse, réagissent de manière ludique, pointilliste en évoluant à des cadences divergentes. Le piano de Rieko Okuda entre ensuite en scène faisant face au shamisen de Joshua Weitzel. L’ADN du groupe est marqué autant par une volonté de concentrer l’improvisation dans une direction définie qu’en juxtaposant des cheminements individuels presque contrastés, voire centrifuges. Une dimension heuristique à la limite de l’insouciance, exprimant une joie de jouer et la curiosité face à la confrontation de démarches individuelles dans le jeu instrumental et la pratique de l’improvisation à l’écart des formalisations théorisantes que d’aucuns ressentent comme excessives. Exultation, dérive, introspection, jeu de dés, tentative, exploration, confrontations de sonorités, textures, actions et réactions. Dans la longue improvisation de Wiesbaden, on transite depuis un no man’s land où interviennent les cycles harmoniques du piano contemporain, les cordes frappées du shamisen et le souffle extensible et éthéré jusqu’à des altérations métamusicales vraiment curieuses où l’effort de l’écoute n’arrive plus à départager l’origine instrumentale des sonorités murmurantes, vibratoires, mystérieuses qui se développent dans un consensus partagé. Questions posées diversement à l’inverse de solutions réconfortantes. L’improvisation collective revêt ici l’irrésolu, l’éphémère, des instants - séquences qui échappent à une forme de rationalité pour revêtir la primauté du moment vécu, rêvé ou secrètement désiré. Jean-Michel Van Schouwburg (Orynx)