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Weiterbauen cs834
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Trio à cordes pas comme les autres échappant aux occurrences sonores habituelles et au définitionnisme. Erhard Hirt joue ici du dobro, de l’e-guitare et des électroniques, Klaus Kürvers officie à la bonne vielle contrebasse et Dietrich Petzold est crédité violon, violon ténor, clavichord et métal joué à l’archet. Erhard Hirt revient plus à la surface au sein des « légendaires » XPACT II (deuxième édition) et King Übü Orchestrü (deuxième mouture) et fut immortalisé par le CD FMP-OWN « Two Concerts » en trio avec Phil Minton et John Butcher. Un des guitaristes « électroniques » les plus convaincants depuis une quarantaine d’années. S’il reste peu connu en dehors des auditeurs du label Creative Sources pour lequel il enregistre fréquemment et de la scène Berlinoise, Klaus Kürvers est un des contrebassistes pionniers du free-jazz en Allemagne avant même qu’on en mentionne l’existence dans les médias. Le violoniste Dietrich Petzold s’est fait entendre dans le quartet de cordes dis/con/sent avec Ernesto Rodrigues, Guilherme Rodrigues et Matthias Bauer, une solide référence parmi les quartets ou trios de cordes frottées improvisés, d’une qualité voisine de celles du String Trio de Zurich, du Stellari Quartet, ou de l’Iridium Quartet ou encore des Canadiens du Quatuor d’Occasion avec Malcolm Goldstein. Il suffit d’écouter leurs albums depuis leur premier (dis/con/sent CS 563 CD), une réussite dans ce domaine. Weiterbauen concentre l’exploratoire, la science appliquée des grincements, le glissando rotatif au plus proche du chevalet, l’étrange, le sonique exacerbé. Deux cordes frottées : le violon de Petzold s’échange contre le rare violon ténor, instrument bien souvent fait sur mesure comme pour Jon Rose dans son génial duo Temperaments avec Veryan Weston, et la contrebasse intuitive de Kürvers. Mais aussi le « bowed metal » de Petzold encore : s’agit-il d’une scie musicale, en fait ? Toujours est-il que cet ustensile fait bon ménage avec les sonorités irréelles émises par Erhard Hirt avec sa guitare électronique et une belle précision sonore d’une classe très peu ouïe ailleurs. Et que dire de son dobro « approximatif » …Cette diversité de sources sonores, d’intentions musicales distinctes chez chacune de ses individualités se croisent et s’interpénètrent dans une belle folie, de fascinantes dérives heuristiques , des interactions improbables. Cette efflorescence créative nous fait chasser l’idée des références à des artistes notoires « incontournables » ressassés par les critiques en mal d’inspiration. Évitons donc de faire allusion à Derek Bailey, Fred Frith, Joëlle Léandre ou Barre ou Barry, etc... On adore ces artistes. Mais il faut avouer que ces trois improvisateurs, Hirt , Kürvers et Petzold échappent aux pronostics, références, influences – repères en affirmant une joie sérieuse et un sérieux enjoué à nous faire découvrir des correspondances sonores coloristes, ludiques, fugitives, un brin farfelues, qui dépaysent l’atonalité, l’interactivité « logique », les jeux de bruitages ou de bruissements et créent de nouveaux équilibres – tensions librement improvisés qui leur appartiennent en propre. Vraiment original ce Weiterbauen! Jean-Michel Van Schouwburg (Orynx) |